Dis Fabeli, pourquoi tu écris?

J’écris pour ne pas disparaître, pour rester à la surface.

J’écris pour marquer l’espace, planter des repères.

J’écris pour ne plus me perdre. Les mots s’enchaînent et me rassurent. Ils m’entourent et me soutiennent.

J’écris dans mon silence pour trouver la parole. Les mots ouvrent ma bouche, me débâillonnent.

J’écris pour arriver à la lumière, entrevoir une sortie, une fenêtre qui donne sur autre chose.

J’écris moi, j’écris les autres, j’écris le monde que je vois. J’écris l’envers et puis l’endroit. Mots de chaîne, mots de trame, je tricote des bricoles complexes pour expliquer un bout de réalité.

J’écris, je crisse, je crains, je crée, je crois.

J’écris encore pour réussir à me définir, tracer des contours un peu plus nets. J’écris du bout des doigts les petits détails qui m’entourent. Je fragmente le monde en mots plus abordables.

Je cerne mes inquiétudes à l’encre de la fiction.

© Fabeli 2016


Impérativement écrire

Écris !

Lève-toi le matin en sachant que tu vas t’asseoir à ton bureau, saisir le stylo et aligner les mots qui veulent bien venir.

Écris  chaque jour. Trois mots ou mille, peu importe. C’est une gymnastique. Fais-en un exercice, une habitude, un rituel.

Écrire n’est jamais facile. Exige de toi-même une discipline sévère. Sois le maître qui tance l’élève et l’élève qui obéit sans broncher.

Dis-toi que c’est pour ton bien. Pour le bien de ton corps et de ton esprit. Parce qu’il est indispensable que tu écrives.

Dis-toi que les mots s’apprivoisent au quotidien. Quelques jours de négligence et hop ! Les voilà qui filent loin de ta page.

Écris tout, même le rien, l’insignifiant, le peu lisible.

Écris  avec ta tête, avec ton cœur.

Écris avec ton ventre qui rumine le quotidien.

Écris avec tes pieds qui arpentent le monde, même si le monde se résume à une superficie minuscule, la tienne.

Écris l’ordinaire, ne laisse rien passer. Une odeur, un son, la lumière du ciel à quatre heures de l’après-midi.

Écris la haie du voisin par la fenêtre ou l’immensité d’une plage un jour d’hiver.

Écris les mots des autres, pour voir, pour sentir. Pour comprendre.

Écris le faux pour démêler le vrai. Écris le vrai puis maquille-le de fiction.

Laisse-toi surprendre par les mots. Laisse-les venir, tous, même les plus incongrus, les plus grossiers. Écoute ce qu’ils ont à te dire, à toi, à toi seulement.

Entends ta propre voix qui se mêle aux mots venus du dehors.

Cette page écrite, c’est toi, toi tout-e seul-e. Une page unique, inestimable.

Allez ! Ne t’arrête pas là ! Poursuis ta route. Écris !

 

© Fabeli 13.01.11